Changement climatique: l'agriculture africaine menacée par le réchauffement de la planète

ENVIRONNEMENT – Les très nombreux changements environnementaux observés et répertoriés dans le monde, en particulier en Afrique, se produisent à un rythme beaucoup plus élevé que prévu et appellent à une réaction immédiate de la part des gouvernements, institutions publiques, associations et entités privées. L’un des secteurs les plus touchés par ce phénomène? L’agriculture.

Quelques données importantes: plus de 65% des 750 millions d’habitants de l’Afrique subsaharienne travaillent dans l’agriculture et cette industrie est à l’origine d’un quart du PIB du continent. L’année dernière, les produits agricoles représentaient plus de 20% des échanges commerciaux internationaux de l’Afrique. Malgré une productivité ainsi qu’une création de valeur ajoutée assez faibles dans ce domaine, le continent est et reste fortement dépendant de l’agriculture.

À l’heure où de nombreux propriétaires de terres agricoles privilégient l’exportation de leurs produits à l’étranger dans le but d’augmenter leurs bénéfices, l’ONU chiffre à 200 millions le nombre de personnes souffrant de sous-nutrition sur le continent.

Si la situation n’était pas amenée à évoluer positivement dans des délais brefs, l’Afrique pourrait connaître l’une des plus importantes crises économiques, sociales, politiques et humanitaires de son histoire.

Selon le récent rapport régional GEO-6 pour l’Afrique présenté en juin 2017 par l’Institut de la Francophonie pour le Développement Durable et l’ONU Environnement, cette crise aurait déjà commencé. Le réchauffement de la planète serait l’une des causes principales de la dégradation des sols, de la déforestation, du manque d’eau et de nourriture, et ces problématiques dites environnementales causeraient environ 400.000 morts chaque année en Afrique.

Autre projection alarmante: durant les trente prochaines années, le dérèglement du climat pourrait, en réduisant la productivité agricole ainsi que la qualité des denrées alimentaires, provoquer des millions de morts supplémentaires, des migrations massives du Sud vers le Nord, des tensions sociales fortes ainsi qu’une déstabilisation des Partis au pouvoir à l’échelle continentale.

Dans l’hypothèse où la famine, déjà très présente dans des pays comme le Soudan du Sud, la Somalie, le Yémen ou encore le Nigeria, continuerait de gagner du terrain et qu’aucune mesure concrète n’était prise pour contenir le réchauffement climatique en deçà de 2°C, nous pourrions assister à une diminution moyenne de 3,2% de la quantité de nourriture disponible dans le monde, de 4% de la consommation de fruits et légumes et de 0,7% de celle de viande rouge par rapport à 2010. A ce propos, les scientifiques rappellent que les carences et les déséquilibres dans l’apport nutritionnel d’un individu sont deux fois plus dangereux que la sous-alimentation. Selon eux, la malnutrition est le nouveau fléau des générations présentes et futures.

La solution miracle pour inverser cette tendance n’est pas simple et le défi est de taille pour les États qui se doivent d’établir une feuille de route autour de quatre grands axes prioritaires visant à booster la productivité et l’économie rurale: accroître la superficie des terres agricoles irriguées (1), améliorer la gestion des terres et les techniques agricoles (2), investir dans des nouvelles infrastructures adaptées (3) et renforcer la recherche et le développement dans le domaine agricole (4).

Il y a tout juste un an, dans une dynamique de proposition d’amélioration de la situation, la Banque Africaine de Développement a approuvé une stratégie de transformation de l’agriculture africaine pour un secteur agroalimentaire plus compétitif et inclusif, à même de créer de la richesse et d’améliorer les conditions de vie de ses populations. Bien que ce genre d’initiatives soit trop rares pour changer la donne, selon l’UNESCO, l’Afrique se retrouve aujourd’hui avec “un secteur agricole porteur de vastes possibilités”, à elle, conjointement avec les grandes puissances mondiales, d’exploiter ce potentiel au plus vite, le mieux possible et dans l’intérêt de tous.

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